Figuratifs - En Visages

"Connaissance de l'homme difficile à l'Homme"  Thales.
 

Christiane Seguin se confie, plus d’un demi siècle nous sépare de ses premières « pontes » dessinées sur des papiers épars.

« Avec ce recul la lecture que je propose du cadre d’éclosion et de développement de cette expression toute bipédique est « détournée » par le filtre « temps et expériences ».


 Mais je sais ce besoin de « jouer des mains » très tôt exercé avec la Terra-rossa fertile au creux des calcaires, sur des bouts de bois d’olivier veinés, avec des joyaux de roche banale prise au lit du torrent…


ça c’était l’été au coeur de la Nature sauvage à jamais en moi; ses couleurs arides, ses roches douces aux pieds, ses odeurs multiples, l’harmonie des formes…  la Vraie Vie

Artémis


Peur



L’hiver, la ville retrouvée, rythme sombre citadin, scolaire, espace muré… jeux de mains limités aux modèles les plus proches du regard direct, les « bipèdes » familiers, les passants des rues… Fascinants - à approcher sans jamais les connaitre - dans leurs poses, leurs gestes et leurs mouvements à figer, sculptures vivantes, leurs émotions affleurant au visage en mimiques surprenantes. 


Captivant et

   inquiétant l’Humain objet d’étude en croquis immédiat, bref, interprété et fixé sur la toile.
   Toile? tissu ou morceau de drap de coton patiné par les corps ensommeillés, obtenus de grande lutte orale et grossièrement tendu.
  Passionnément je le couvre de restes de peintures d’origine diverses, destinées aux murs et autres supports… »
 

…ce n’est que plus tard

… que Christiane Seguin croise des « artistes » en fréquentant l’école d’Art de sa ville natale, port de Guerre!
Alors elle découvre et apprend les bases du dessin et de la peinture et commence à entrevoir la complexité de l’Humain - son semblable de forme, les hiérarchies, les codes, les arcanes de la Vie, la « société » avec ses aventures, ses pièges, ses possibilités des se perdre, ses chances. 
Et il n’y avait pas encore les mises en cases avec étiquettes sur ce qui laisse certains « en galère » sur le bord d’un chemin sans issu.

Cheminement

1955… 1985 en étapes suivre la présence de l’humain dans l’oeuvre de son apparition à son exclusion.
Fascination pour ce Bipède, amas de molécules, né d’un « accident » survenu dans le bain cosmique, un arc électrique, un coup de foudre tombant sur un agrégat aux caractéristiques et  propriétés physico-chimiques adéquates! Le voilà prédominant, prédateur, pollueur, prétentieux…  et avec un comportement d’ado dans la jeune Humanité qui pense en terme de Pouvoir, Tout « maitriser » ! Folie.

1965-67 - Marseille                     
Plonger non plus dans la toile de jute rugueuse, aux visages tourmentés des âmes femelles qui me hantent, mais sur des toiles fines de lin aux grains délicats, doux au toucher comme une peau humaine. Une toile fine qui vivra sous une mince couche de matière picturale en corps enchevêtrés.
Des toiles sensuelles à créer comme on « crée » la Vie.
Elles auront ma passion, mes rêves, mes désirs ; avec la douceur de leur peau à caresser. Entrer en elles toute, en sortir en un moment « décidé », réconfortée.
Délire, désir fou. Créer des êtres-toiles qui par la trop grande tristesse qu’ils portent en eux se révoltent et me perdent. Révoltée à mon tour je leur donne encore et encore d’autres être-toiles en pâture….


1967                                
- Au fond, en arrière de moi quelque chose, une présence, une foule devinée comme à travers une vitre ruisselante de pluie de larmes. Pourquoi tant de visages sur mes toiles, dans la rue …. Et pourquoi pas ?
voir plus clair?  au-delà du visible.  Autre chose ? sans but, sans âme, que décorative, abstraite ?
Mot lancé, réaliste, figuratif, fou … chemine lentement parmi les circonvolutions grises de ma substance et revient, ressort digéré, assimilé, le même en apparence - mais à moi.
Je me laisse entraîner par ce mot et des visages encore me regardent.
Quelquefois libérée de cette pression invisible je déborde en papiers collés et …..

1977 -  Meftah… 
Rester seule, rejeter un trop plein d’énergie sur les toiles, m’étaler sur ce papier, sentir vibrer les traits, les couleurs… qui se plient, se courbent domptés.
Mais quelquefois c’est l’impasse, ça ne répond pas et pantelante, insatisfaite… c’est la pause douloureuse. Avec la douce promesse et le réconfort dans la certitude d’un futur rendez-vous.


1983 - Pousselons. 5 mars.
Temps qui génère dans le mouvement des positions et éclairages différents d’un Univers tourmenté et fort, distorsion voulue et pâte riche. Univers intérieur de déchirure et d’épouvante, fureur, humour …
Connaissance du corps humain jusque dans les attitudes les plus rares, la danse contemporaine.  
(T.85.05-60F)
La couleur exalte la robustesse.  L’angoisse transpire, transparaît dans l’acceptation de la réalité.

1985 - Avignon
De cette toile brute, adoucie et lissée, nue … jusqu’à la dernière couche il y a 2 ou 3 mm, un peu plus, peu importe … il y a tant de « choses », des richesses, des symboles… que dans un besoin d’échange, je faisais squelettes des formes humaines. Erreur! Seule l’anecdote superficie est lue. Déçue dans cette voie.
J’ai quitté la Terre pour l’Espace, et l’être humain, mon semblable de corps, centre de l’Œuvre fut temporairement exclu.

Ci-dessus les oeuvres en défilement - présentées par ailleurs en plein format - vous font découvrir ici, le détail des   matières, des textures, des nuances et techniques différentes utilisées.


Technique

Peinture à l'huile sur toiles de jute ou de lin préparées de façon traditionnelle, huile de lin, colle de peau de lapin, blanc d'Espagne ou de Meudon. Toiles tendues sur châssis.
Créé avec Artmajeur